Histoire

Depuis l’établissement de cette nation, les aumôniers fournissent des services de pastorale aux détenus et à leur famille. Ils ont toujours été aux premières loges des plus importants enjeux sociaux auxquels notre pays a fait face, y compris les mouvements de défense des droits de la personne et des soins aux familles et aux victimes d’actes criminels, les demandes en vue d’abolir la peine capitale, la mise sur pied de programmes efficaces pour les délinquants afin qu’ils réintègrent la société, à la fin de leur peine, en tant que personne responsable et saine et la promotion de l’alphabétisation.

Le 6 juin 1966, M. Alan J. MacLeod, commissaire des pénitenciers du Canada, écrivait au Conseil canadien des Églises (CEC) pour lui demander de prendre part à la sélection et au roulement des aumôniers travaillant à temps plein au sein du système pénitentiaire fédéral.

Des consultations ont donc eu lieu, et le CCC a demandé que le commissaire présente une demande similaire au Congrès juif canadien et à la Conférence des évêques catholiques du Canada. Cette demande visait à permettre à un éventail plus large d’organisations religieuses et de groupes confessionnels de partager cette responsabilité. Cette demande a été acceptée et, en 1968‑1969, le mandat du « Comité interconfessionnel d’aumônerie », nouvellement formé, a été établi.

Au cours de ces discussions, il fut également question de l’opinion personnelle du commissaire sur le double rôle que joue l’Aumônerie, soit de représenter l’Église au sein du système pénitentiaire et de représenter le système pénitentiaire au sein de l’Église. Tout naturellement, l’accent a été mis sur la conformité aux règles de sécurité et à la prise en charge de tous les détenus ainsi qu’à la reconnaissance que les besoins religieux et spirituels des délinquants différaient des types de services offerts par les psychiatres et les membres du milieu médical.

Au cours des années 1970, les priorités du CI et des responsables des soins spirituels et religieux ont évolué, ce qui a mené à des discussions continues sur les doubles (et mêmes parfois plus nombreuses) responsabilités dans le cadre desquelles les aumôniers étaient appelés à fonctionner. Les aumôniers avaient une responsabilité vis-à-vis des détenus, de leurs collègues de travail et du personnel du Service, des familles des détenus, de la collectivité en générale et de leur propre groupe religieux. Comme l’a affirmé le commissaire : « Aucune de ces relations ne sous-entend que l’aumôner doive se montrer fidèle à deux entités, mais plutôt à ses responsabilités vis-à-vis de chacune d’elles, s’il désire offrir des services de pastorale bien équilibrés ». [traduction]

Le ratio et le nombre d’aumôniers dans chaque établissement ont toujours été source de discussions et, au cours des années 1970, il était habituel d’avoir deux aumôniers dans chaque établissement. Vers la fin des années 1970, cependant, une crise a éclaté lorsque des coupures aux services publics ont mené au gel de la dotation des postes vacants d’aumônier. Le CI s’est élevé contre cette mesure et une conversation à grande échelle a alors été entreprise pour examiner de nouveaux modèles de prestation de services d’aumônerie offrant la possibilité de couper dans le personnel de l’Aumônerie et dans les configurations régionales et de s’orienter davantage vers une approche contractuelle pour les aumôniers.

Le Protocole d’entente

En 1980, une fois la « poussière retombée », une recommandation fut présentée voulant qu’un protocole d’entente soit conclu entre les groupes confessionnels et le gouvernement concernant la structure, les rations, les relations et les responsabilités des aumôniers au sein des établissements fédéraux. Le premier protocole d’entente a été signé en 1982 et, depuis, des révisions lui ont été approuvées aux cinq à sept ans.

Le Protocole définissait la nature des relations et des différentes allégeances des aumôniers d’une façon qui moralement, sans être toujours techniquement légal, les liaient au gouvernement et à leurs groupes confessionnels. Cela fut utile à une certaine période de conflits, y compris dans des situations où des coupures étaient proposées dans le système, ce qui aurait abaissé le nombre d’aumôniers sous le ratio minimal aumôniers-détenus établi dans le PE.

En plus de traiter de la relation entre le SCC et les groupes confessionnels canadiens en ce qui a trait à la prestation de soins religieux et spirituels, chacun des PE reflètent des questions et des priorités émergeantes. Au fil des ans, ces préoccupations ont porté sur les points suivants :

  • l’émergence et la naissance de nouvelles communautés religieuses dans un contexte canadien;
  • la relation entre les personnes qui pratiquent et celles qui adhèrent à la spiritualité autochtone;
  • les besoins différents de certaines populations, p. ex., les besoins différents des délinquants et des aumôniers travaillant dans les établissements pour femmes;
  • les questions de ratio en des temps de restrictions sur le plan financier;
  • les priorités émergeantes en relation avec les services d’aumônerie communautaire, de réconciliation et de pastorale axée sur la réinsertion sociale;
  • les initiatives de justice réparatrice;
  • des questions administratives d’importance, y compris des précisions sur des questions de fiabilité et des questions liées aux modèles contractuels.

Évolution de la composition du CI

Mais, ce ne fut pas que le PE qui a reflété un niveau de changement et d’évolution. Le Comité interconfessionnel a également évolué au cours de cette période. Ayant débuté en tant qu’organisation catholique/juive, le CI compte maintenant parmi ses membres des représentants actifs d’autres groupes confessionnels, dont des musulmans, des jaïns, des bouddhistes et des membres d’autres organisations et groupes confessionnels canadiens. Régulièrement, des demandes sont faites par d’autres organisations et groupes confessionnels représentatifs nationaux afin d’intégrer le CI.

Malgré tous ces changements, le CI a tenté de garder les préoccupations des aumôniers, les besoins des détenus et la santé de la société canadienne au centre de ses priorités.